Logements sociaux : Limites du «Projet des 100.000 logements »

Le logement reste l’une des préoccupations majeures des Sénégalais, et constitue un enjeu stratégique pour les autorités du pays. En effet, les dépenses liées au logement, notamment le loyer, représentent jusqu’à 54% du budget d’un ménage. Ainsi, l’Etat entend mobiliser des moyens pour amoindrir les risques et répondre à la demande croissante en logements. C’est dans cette optique que le Programme national d’Accès au Logement et de la Rénovation urbaine (PNALRU) a été lancé.
« Nous sommes conscients que le continent est confronté à des défis liés à la résorption du déficit en logements, et qu’ensemble, nous devons conjuguer nos efforts. Le PNALRU s’inscrit dans une démarche à moyen et long terme, avec l’objectif de combler le déficit en logements et de garantir l’accès au logement pour tous. Ce programme se projette sur une période de dix ans, avec un objectif ambitieux : construire 500.000 logements pour répondre aux besoins urgents des citoyens ». Ces propos sont de Moussa Bala Fofana qui a insisté sur la nécessité d’une collaboration entre plusieurs ministères et acteurs clés, notamment ceux du secteur bancaire, des Systèmes financiers décentralisés (SFD), des assureurs, et d’autres intervenants. Pour l’année 2025, il a laissé entendre que le gouvernement a déjà identifié 12 projets de logements, avec des sites et des promoteurs déjà sélectionnés. « Ces projets sont répartis sur 18.000 hectares de terrain, dont 4.000 sont déjà sécurisés. La pose de la première pierre de ces projets devrait être actée cette année. Nous avons sélectionné 20 promoteurs qui seront chargés de mener à bien ces projets », a-t-il dit. D’après lui, toutes les dispositions sont déjà prises et à tous les niveaux. « Le suivi sera assuré sur toute la chaîne de production du logement, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à la remise des clés aux bénéficiaires. Il urge de prendre en compte les difficultés rencontrées par chaque acteur pour mieux répondre aux besoins réels et à la réalité du terrain », a-t-il rappelé. A l’en croire, l’ambition du gouvernement sénégalais est de répondre efficacement à la demande de logements tout en permettant un développement urbain harmonieux.
Ibrahima Diop Administrateur du Fonds pour l’Habitat social « Le Projet 100.000 logements a fini de montrer ses limites »
brahima Diop a magnifié l’appui remarquable de l’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers (APBEFS) et de la Banque de l’Habitat du Sénégal (BHS). « Pour la réussite du nouveau programme de logement, le Ministre nous a donné pour ferme instruction de veiller à l’implication de toutes les parties prenantes dès la conception des projets, afin de mieux prendre en compte leurs avis et préoccupations. C’est pourquoi cette rencontre constitue une étape décisive permettant à l’État, aux banques et aux partenaires de manière générale, d’échanger sur la nouvelle approche à adopter afin de faciliter l’accès au logement mais surtout en faveur des citoyens aux revenus faibles et moyens. Le précédent programme de l’État du Sénégal, dénommé « Projet 100.000 logements », avait fini de montrer ses limites », a indiqué M. Diop pour qui « ce n’est pas son ambition qui a été à l’origine des problèmes rencontrés mais plutôt sa mise en œuvre opérationnelle ». Les obstacles liés à la disponibilité foncière, au choix des promoteurs immobiliers, au modèle économique du programme et, surtout, à la question centrale du financement tant de l’offre que de la demande, ont été identifiés. « C’est d’ailleurs certainement ce qui a été à l’origine de l’inefficience de l’Accord-cadre signé par le Fonds pour l’Habitat Social, le FONGIP et l’APEBFS », a signalé M. Diop. Poursuivant, il annonce que la prise en charge de la question du financement du logement abordable devient une priorité absolue à laquelle il nous faut, cette fois ci, apporter des réponses concrètes. « L’argent demeurant le nerf de la guerre, le Fonds pour l’Habitat Social s’attelle à impulser une dynamique nouvelle visant à renforcer la synergie d’actions entre les acteurs de la finance publique et privée afin de trouver des solutions réelles à la problématique du financement », a-t-il rassuré.En entendant la mise en œuvre de ce programme, le Sénégal ambitionne de résoudre une partie de son déficit en logements, un défi qui a des répercussions sur de nombreuses familles et qui freine le développement du pays.