Ousmane SONKO lors du lancement de la deuxième journée « Setal Sunu Reew » entre dénonciations, interrogations et promesses
Ousmane SONKO lors du lancement de la deuxième journée « Setal Sunu Reew » entre dénonciations, interrogations et promesses
Le Premier ministre Ousmane SONKO a lancé la deuxième journée « Setal Sunu Reew » à Guet-Ndar. Cette occasion a été saisie par le Chef du gouvernement pour évoquer le problème de l’avancée de la mer, de la brèche, du programme des 10 villes pour lettre contre les inondations. Il a par ailleurs, signalé que les populations ont besoin d’être « conscientisées ».
De prime abord, le chef du gouvernement a révélé qu’un audit sera effectué. « L’Etat sénégalais va entreprendre un audit de tous les programmes dédiés à la prise en charge des conséquences liées à l’avancée de la mer sur le littoral de l’île de Saint-Louis, à la langue de barbaries (composée de quartiers de pêcheurs) fortement impactée par ce phénomène naturel ces dernières années. Nous avons instruit le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique de faire un audit de tous ces programmes pour voir les résultats obtenus, avant d’envisager une réorientation ou d’autres solutions contre l’avancée de la mer à Saint-Louis », a souligné Ousmane SONKO qui intervenait lors de la cérémonie officielle de lancement de la deuxième journée « Setal sunu reew» à Guet Ndar où il a donné le coup de balai marquant le démarrage officiel des opérations de nettoiement sur la plage de ce quartier de pêcheurs de la ville de Saint-Louis. « Il est important de faire l’évaluation avant de se projeter et réorienter ces programmes dans le sens d’une meilleure efficacité de la lutte contre l’érosion côtière. Nous avons dénombré au moins quatre programmes intervenant dans la zone et financés par la Banque mondiale et l’Agence française de développement (AFD). Parmi eux, il y a, entre autres, le Programme de Protection côtière de Saint-Louis qui intervient dans la réalisation de digues de protection, financé par l’Agence française de Développement, à hauteur de 10,4 milliards de francs CFA, il a permis la construction d’une digue de 2.175 mètres sur la Langue de Barbarie pour récupérer provisoirement une partie de la plage de l’île de Saint-Louis. Il y a aussi le Projet de Relèvement d’urgence et de résilience (SERRP), mis en place en 2018 par l’État du Sénégal, avec le concours technique et financier de la Banque mondiale. Le SERRP avait pour objectif de reloger, à Diougop près de Gandon, des familles de Gokhou Mbathie, de Guet-Ndar et de Ndar, victimes de la forte houle qui avait frappé la côte en 2017 et en 2018. De gigantesques vagues avaient détruit 101 habitations de ces trois quartiers de la Langue de Barbarie, jetant à la rue 93 familles sinistrées.
Le Premier ministre a souligné que « nos pays sont confrontés aux effets du réchauffement climatique », qui accentuent la remontée des eaux de la mer favorisée par la fonte des glaciers. « Ce qui a une conséquence sur le littoral, sur le continent africain qui pollue le moins. Aujourd’hui, il est établi que le trait de côte recul de 5 à 6 mètres par an. Nous avons senti les effets de cette avancée de la mer depuis quelques années ici à Guet Ndar, où des habitants ont été obligés d’abandonner leurs maisons », a-t-il rappelé estimant «les conséquences de l’avancée de la mer sur les habitations sur le littoral appellent à des solutions difficiles et extrêmement coûteuses à mettre en œuvre ».
S’agissant du Programme d’assainissement des 10 villes avec un investissement de 60 milliards, Ousmane SONKO a interpellé le Directeur général de l’ONAS lui demandant un rapport détaillé sur l’utilisation de ces fonds. «Nous avons constaté un retard même des travaux du programme d’assainissement du quartier de Pikine à Saint-Louis et exigé du ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement et du directeur de l’ONAS une étude et un rapport détaillé sur l’exécution financière de ce projet d’un montant de 60 milliards de FCFA. Le problème de l’ONAS à Saint-Louis, c’est un problème d’investissement lourd », a fait savoir le chef du gouvernement pour qui « il faut d’abord un rapport détaillé sur l’exécution financière des investissements de l’ONAS sous le régime de Macky SALL ». D’après Ousmane SONKO, l’Office national de l’Assainissement du Sénégal (ONAS) n’est pas une entreprise débutante. « C’est une société qui existe depuis longtemps, qui a l’habitude de faire des études et des ouvrages. On ne peut pas me dire que, sur le programme des 10 villes, l’ONAS s’est trompé et qu’au lieu de 60 milliards, il a besoin de 100 milliards de FCFA par exemple. Si tel était le cas, il y aurait une faute. Mais, je ne pense pas que c’est l’argument que l’on peut recevoir », a-t-il averti. S’adressant au DG de l’ONAS, Dr Cheikh DIENG, « où sont passés les 60 milliards de FCFA? Il me faut un rapport, une étude détaillée. Parce qu’on ne peut pas dépenser 60 milliards de FCFA et se retrouver aujourd’hui dans cette situation ». Poursuivant, il signale que même la station n’est pas construite. « L’État est obligé de trouver d’autres solutions. Je pense qu’il faut faire preuve de beaucoup de rigueur dans la manière d’aborder ces questions et de ne pas trouver une situation pour la légitimer afin d’avancer ensuite. Avec 60 milliards de FCFA, on devrait avoir des résultats. Or, de ce que je comprends, le résultat n’est nulle part : ni à Touba, ni à Pikine, ni à Saint-Louis, ni à Kaolack, ni ailleurs… Où est passé l’argent ? », a-t-il regretté.
Evoquant la brèche, Ousmane SONKO a rassuré les populations de la vieille ville. « Il y a la volonté du gouvernement de trouver une solution au problème lié à la brèche de Saint-Louis, creusée en 2003 pour sauver la vieille ville des inondations. En 2003, les autorités en place avaient trouvé juste de creuser cette brèche pour sauver Saint-Louis des inondations, mais les impacts ont été négatifs sur certaines localités qui ont disparu », a déploré M. SONKO
poursuivant « de 2 mètres au moment de son creusement, cette brèche a progressé pour atteindre 6 kilomètres aujourd’hui, avec des répercussions sur le cadre de vie des populations ». Face à cette situation, le Premier ministre a promis que le gouvernement « se penchera sur le problème [de la brèche], pour lui trouver une solution définitive ».
La brèche de Saint-Louis a causé le chavirement de plusieurs pirogues, faisant des centaines de morts depuis son érection. Les pêcheurs la choisissent comme raccourci pour débarquer leurs prises, mais éprouvent des difficultés pour en repérer le chenal de navigation.