Trois questions à Aboubacry SOW Directeur général de la SAED

Trois questions à Aboubacry SOW Directeur général de la SAED
« Pour aller vers la souveraineté alimentaire, il faudra nécessairement mettre en œuvre une politique de mécanisation de l’agriculture.»
Le directeur général de la Société nationale d’Aménagement et d’Exploitation des terres du Delta du Fleuve et de la Falémé (Saed), fait le point sur le sommet Dakar 2, la place que doit jouer la SAED dans la quête de souveraineté alimentaire derrière laquelle court notre pays depuis plusieurs années maintenant. Dans cet entretien, Aboubacry SOW estime que les chefs d’Etats Africains ont très bien compris que la bataille de la souveraineté alimentaire est plus que jamais la première priorité dans tous les pays. Il rappelle la place de choix qu’occupe la vallée avec un potentiel de 240 000 ha de superficies irrigables dont 121 000 ha de terres sont aujourd’hui aménagés. Le Dg de la SAED pense que le Sénégal pourrait saisir l’occasion pour changer de paradigme. Et pour aller vers la souveraineté alimentaire, il demeure convaincu qu’il faut lier celle-ci à l’augmentation des productions agricoles. Et, il faudra nécessairement mettre en œuvre une politique de mécanisation de l’agriculture.
Saintlouisnews: Le Sénégal vient d’abriter le Sommet Dakar 2 sur la souveraineté alimentaire et la résilience en Afrique, que vous inspire cette rencontre continentale ?
Ce deuxième sommet sur l’alimentation en Afrique tenu à Dakar et qui avait pour thème « Nourrir l’Afrique : souveraineté alimentaire et résilience », a été d’une importance capitale pour soutenir la détermination du continent à stimuler la productivité agricole et à devenir un grenier pour le monde.
Organisé par le gouvernement du Sénégal et la Banque africaine de développement, ce sommet a rassemblé plusieurs dizaines de dignitaires, dont 34 chefs d’État et de gouvernement, 70 ministres et des partenaires au développement, qui ont travaillé sans relâche à l’élaboration de pactes visant à transformer l’agriculture en Afrique.
Les chefs d’Etats Africains ont très bien compris que la bataille de la souveraineté alimentaire est plus que jamais la première priorité dans tous les pays et sont conscients que nous devons travailler ensemble pour soutenir fermement la mise en œuvre des Pactes de fourniture de denrées alimentaires et de produits agricoles au niveau national
Je peux dire que ce sommet a été une grande réussite pour le Sénégal et pour l’Afrique. En tant que Sénégalais, je suis très fier des actes posés par son excellence Monsieur le Président de la République du Sénégal et le Président de la BAD.
Quelle place doit jouer la SAED dans cette quête de souveraineté alimentaire derrière laquelle court notre pays depuis plusieurs années ?
La Vallée du fleuve Sénégal, principale zone d’intervention de la SAED, occupe une place de choix avec un potentiel de 240 000 ha de superficies irrigables dont 121 000 ha de terres sont aujourd’hui aménagés. A cela s’ajoutent l’existence d’un réseau hydrographique dense, une population active importante et des organisations de producteurs bien structurées.
L’analyse des potentialités hydro-agricoles de la Vallée montre la possibilité pour le pays d’atteindre l’objectif d’autonomie alimentaire si celles-ci sont valorisées de manière optimale et durable. L’atteinte de cet objectif passe nécessairement par l’exploitation du potentiel de terre irrigable.
Pour relever dans l’urgence les défis de la souveraineté alimentaire, l’Etat est tenu de réviser la doctrine d’intervention de la SAED. La nécessité d’un ré-engagement de l’Etat qui passe par le repositionnement de la SAED sur l’écosystème pour assurer un rôle de planificateur, de régulateur et d’appui-conseil conforme aux objectifs stratégiques de souveraineté.
Le potentiel de la Vallée du Fleuve Sénégal ainsi que les importants projets structurels prévus par l’Etat dans le cadre de la revitalisation des vallées fossiles avec le PREFERLO, autorisent un certain optimisme quant au développement de l’irrigation et à l’accroissement significatifs des superficies à aménager. La SAED envisage, à cet effet, de poursuivre l’extension de sa zone d’intervention jusqu’à Ranérou dans le Ferlo. La relation entre la SAED et l’Office des Lacs et Cours d’eau (OLAC) devrait être redéfinie en extrayant la zone d’intervention de la SAED dans le périmètre de l’OLAC. A défaut d’une exclusion de la zone SAED, au moins l’OLAC pourrait déléguer à la SAED ses responsabilités dans la zone d’intervention à cette dernière.
Par ailleurs, un des objectifs majeurs pour l’accroissement des superficies aménagées est l’accès des investisseurs privés, entrepreneurs locaux et entreprises familiales au foncier dans des conditions négociées avec les acteurs des territoires et dans la préservation de l’équilibre et la paix sociale. Il est clair que si toutes les superficies sont valorisées et exploitées, la Vallée à elle seule peut garantir l’autosuffisance.
Dans ses efforts de mécanisation et de modernisation de l’agriculture, le gouvernement met à disposition des producteurs dont les riziculteurs, un important parc de tracteurs, que représente pour vous un tel geste ?
Pour aller vers la souveraineté alimentaire, liée à l’augmentation des productions agricoles, il faudra nécessairement mettre en œuvre une politique de mécanisation de l’agriculture. Il s’agira de poursuivre et d’intensifier le renforcement du parc de matériels agricoles initié depuis 2012. Dans le cadre du PNAR, l’État a mis à la disposition des producteurs de la Vallée du matériel agricole subventionné à hauteur de 60% composé de tracteurs, moissonneuses-batteuses, batteuses ASI et d’offsets. Toutefois, en dépit de l’amélioration du taux de couverture en matériel de récolte-battage (moissonneuses batteuses, faucheuses, batteuses), en particulier, un certain nombre de contraintes se posent aux acteurs de la vallée. Il s’agit, notamment de l’insuffisance du nombre de matériel et de l’inadaptation de certaines machines à la taille et à la configuration de certaines parcelles. Aujourd’hui, les enjeux de la double culture reposent sur le respect du calendrier cultural. Et pour cela, une mécanisation suffisante demeure une des conditions de réussite du programme. Ce programme d’équipement en tracteurs permettra sans nul doute de poursuivre le renforcement du parc dans la Vallée du fleuve.
Entretien réalisé par la rédaction