A la découverte de « Tabax-nité », un centre d’autoréalisation communautaire dans le Gandiolais avec APS

Gandiol (Saint-Louis), 21 mai (APS) – Le centre d’autoréalisation communautaire de Gandiol (nord), communément appelé “Tabax Nité”, occupe une place de choix dans le projet entrepreneurial de “Hahatay”, une association qui place l’humain au cœur des préoccupations du quotidien.
Situé dans le Gandiolais, sur le littoral nord, dans la région de Saint-Louis, il est bordé par des figuiers de Barbarie (Garga Mbossé, en wolof), loin de la pollution et des embouteillages. À l’entrée, un grand tableau d’affichage renseigne sur les principales missions du centre.
Le style particulier de ses bâtiments, réalisés à partir de matériels locaux naturels et durables, suffit à lui seul comme indication des ambitions poursuivies par les promoteurs à travers le concept d’autoréalisation.
Du bois, de l’argile, de la paille et même des objets recyclés (pneus, etc.) sont utilisés pour la construction de cette infrastructure sociale de base, afin qu’elle soit suffisamment digne d’un centre d’autoréalisation communautaire. Ses toitures en ardoise ajoutent une certaine élégance à une architecture qui semble privilégier la main d’œuvre locale.
Ce projet d’innovation entrepreneuriale mis en place par Mamadou Dia, un entrepreneur social originaire de Gandiol, abrite une maison dédiée aux femmes, communément appelée “Këru Jigéen ñi”, une ferme servant d’exploitation agricole, mais également une radio communautaire appelée “Gandiol Gëm Sunu Bopp FM”.
D’autres activités sont aussi pratiquées dans ce centre, comme l’aviculture et l’élevage bovin.
“Le centre Tabax Nité, c’est le centre d’expérimentation en autoréalisation communautaire. Il comporte un espace d’expérimentation en agroécologie, mais aussi un espace de production audiovisuelle qui se nomme Fës […]. On a commencé en mars 2020, et ça a coïncidé avec l’avènement de la pandémie de Covid-19. Il y a une vingtaine de personnes qui travaillent ici”, a expliqué le promoteur.

D’après Mamadou Dia, la mise en place de ce centre répond à “une vocation claire”, qui vise à rendre à l’humain toute sa dignité, d’où le sens et la portée du concept “Tabax Nité”.
“Le point central de ce spiral, c’est l’humain. Donc, il y a la culture, la communication, l’agroécologie, la bioconstruction, l’artisanat, la santé, l’éducation, la formation. C’est tout cela qui fait que l’humain puisse s’épanouir”, a-t-il détaillé, dreadlocks bien en évidence.
Toujours dans une dynamique d’innovation entrepreneuriale, l’association “Hahatay” (Cris de joie en français), à travers son fondateur Mamadou Dia, a mis en place d’autres infrastructures sociales de base pour le développement communautaire dans le Gandiolais, dont le centre culturel Aminata de Gandiol, mais également un centre de recyclage autrement appelé “Défarat”.
Le centre culturel Aminata, construit à l’image de celui du centre d’autoréalisation “Tabax Nité”, est un espace symbolisant un cadre idéal pour les acteurs culturels, mais aussi pour les autres franges de la société.
De par sa dimension polyvalente, le centre culturel Aminata de Gandiol est un centre visant principalement à promouvoir l’éducation non-formelle, a indiqué son initiateur Mamadou Dia.
Au-delà des espaces dédiés aux animations culturelles, ce centre culturel abrite aussi une bibliothèque.
“Défarat” ou centre de recyclage
Implanté au cœur du Gandiol, il a pour vocation de collecter et traiter les déchets notamment plastiques afin de les réutiliser. Un modèle qui vise à valoriser les déchets.
Le centre de recyclage “Défarat” est une microentreprise et un espace d’exercice. “On y essaie de repenser l’économie circulaire, c’est-à-dire comment transformer ces déchets plastiques que nous produisons. Et une fois transformés, comment les vendre”, a-t-il fait savoir.
Commune située à une vingtaine de kilomètres de la ville de Saint-Louis, plus précisément sur la Grande-Côte, non loin de l’embouchure du fleuve Sénégal, Gandiol bénéficie aujourd’hui de nombreuses infrastructures sociales de base, grâce à l’engagement social d’un fils du terroir, en la personne de Mamadou Dia, à travers son association “Hahatay”.
Sur l’Île de Saint-Louis, classée patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2000, l’association “Hahatay” a mis en place deux projets ambitieux dans l’optique de promouvoir la culture, le patrimoine, mais également la communication, avec la création de centres “Jangkom” (“Jang” pour apprendre et “Kom” pour communication) et ”Ndar Weesul” (Ce n’est jamais tard pour Saint-Louis).
En bon entrepreneur social, Mamadou Dia se définit comme un “éternel migrant”. Il a décidé de s’investir au Sénégal, particulièrement dans sa terre d’origine, le Gandiolais, après ses années d’expatriation. Même s’il n’a pas dévoilé le coût de son investissement, il reconnait tout de même qu’un tel projet nécessite des moyens importants.
Créée en 2014 en Espagne, puis en 2016 au Sénégal, “Hahatay” est une association qui travaille avec le concept wolof “Man na nekk” (c’est possible, en français). Son origine vient de l’expérience migratoire de son fondateur, Mamadou Dia.